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De Livre en Livres
8 juillet 2014

NOTRE ILE SOMBRE de Christopher PRIEST

notreilesombre

NOTRE ILE SOMBRE de Christopher PRIEST - Traduction de Michelle CHARRIER - 2014 - Editions DENOEL - 202 pages

Quatrième de couverture

Je suis sale. J'ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J'ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J'ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j'ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j'ai vu ma femme, je l'ai envoyée au diable mais j'ai fini par le regretter. J'adore ma fille, Sally. Je m'appelle Alan Whitman...
Et je survis dans une Angleterre en ruine, envahie par des populations africaines obligées de fuir leur continent devenu inhabitable.

Notre île sombre est la version révisée du Rat blanc, une oeuvre «de jeunesse» datant de 1971. Se situant dans la droite ligne des romans catastrophe de J.G. Ballard et John Wyndham, Christopher Priest y dresse le portrait ironique d'une ancienne puissance coloniale colonisée à son tour. Plus de quarante ans après sa première édition, Notre île sombre n'a rien perdu de son pouvoir de fascination. Sa critique de l'arrogance des pays du Nord vis-à-vis de ceux du Sud est plus que jamais d'actualité.

****************************************

L'Angleterre qui a résisté à toutes les invasions durant des siècles et des siècles, qui a dominé une grande partie du monde, n'a pas su résister à son envahissement par les Afrims, venus du continent africain. Celui-ci ravagé par des explosions nucléaires est devenu invivable, et les réfugiés s'exilent par milliers sur toutes les terres que leurs bateaux surchargés peuvent atteindre.

Dès le début du livre, Alan Whitman se décrit lui-même comme un homme ordinaire, habillé de manière classique, devenu indifférent à sa femme, adorant sa fille, sans opinions politiques. Dans le paragraphe suivant il est devenu une sorte de survivant, ivrogne, sale et seul. Six mois se sont écoulés entre ces deux états. C'est ce qui s'est passé durant cette période que va nous apprendre la lecture de Notre Ile Sombre.

Alan Whitman, le narrateur, est un professeur d'université marié à Isobel et père d'une petite fille, Sally. Son couple bat de l'aile depuis la naissance de l'enfant et Alan se console auprès de ses maîtresses successives. Lorsque les problèmes engendrés par la présence des réfugiés deviennent insurmontables, les hommes au pouvoir n'ayant plus aucune autorité, hésitant entre racisme et humanité, que les Afrims commencent à prendre possession des maisons des britanniques et les piller, Alan est bien obligé de prendre conscience que sa vie ne peut plus durer comme avant, qu'il lui faut prendre une décision. Alors il fuit avec sa famille, d'abord en voiture, puis à pied lorsque celle-ci rend l'âme. Ils n'ont nulle part où se réfugier : ils tournent en rond dans la campagne anglaise, essayant d'éviter aux mieux les groupes armés des différentes factions, se méfiant autant des réactions des uns que des autres, jusqu'à ce qu'Alan soit brutalement séparé de sa femme et de sa fille. C'est lorsqu'il les retrouvera dans des circonstances tragiques qu'il basculera dans la violence.

Christopher PRIEST décrit son personnage principal Alan White comme un homme médiocre, lisse, un peu lâche, qu'on pourrait presque qualifier de transparent. Il semble n'avoir  de jugement ni sur sa vie privée : il continue à vivre avec sa femme alors qu'ils n'ont plus de sentiments l'un pour l'autre, comme de si rien n'était - ni sur le monde qui l'entoure : il n'éprouve aucune aversion ni haine pour les Afrims alors que ceux-ci envahissent sa ville, le chassent de sa maison et le contraignent à fuir. Du reste, la fuite est sa seule réaction devant l'effondrement de son couple et celui de la société à laquelle il appartient. Il n'en est pas antipathique pour autant : c'est un peu monsieur-tout-le-monde, tout le contraire d'un héros, un homme habitué à un certain confort matériel, à son train-train quotidien. Lorsqu'il voit subitement tout basculer autour de lui, il se réfugie dans le déni et il lui faudra un gros choc affectif pour qu'enfin il réagisse et prenne position. Du moins, c'est ce que laisse sous-entendre l'auteur à la fin du récit.

J'ai été un peu désarçonnée au début par la construction du récit. Pas de chapitres, mais de longs paragraphes faisant le va et vient,  sans ordre chronologique, entre trois différentes périodes de la vie d'Alan Whitman : avant l'invasion, à son début, et durant la fuite de la famille.  Le style de l'auteur est agréable à lire, sans fioritures, direct. Il n'y a pas de descriptions superflues, peu d'émotion dans ce récit, ce qui met en évidence et donne de la force aux différents thèmes qui y sont évoqués. C'est un roman post-apocalyptique à fois dense, dur et finalement très triste. Bien que ce livre ait été écrit initialement en 1976, je l'ai trouvé très actuel.

J'ai beaucoup aimé ce livre (de plus je trouve la couverture magnifique) et je remercie les EDITIONS DENOEL de me l'avoir fait découvrir.

Note : 9.5/10

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Commentaires
B
J'aime beaucoup cet auteur...J'ai très envie de lire " Les Insulaires" (encore une histoire d'île !)
M
De Christopher Priest, j'avais adoré La Séparation, et j'ai très envie de découvrir d'autres titres de cet auteur !
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