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De Livre en Livres
30 novembre 2013

UNE FEMME D'ANNIE ERNOUX

 

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UNE FEMME d'Annie ERNAUX - 2006 - Editions FOLIO - 105 pages

Quatrième de couverture

Annie Ernaux s'efforce ici de retrouver les différents visages et la vie de sa mère, morte le 7 avril 1986, au terme d'une maladie qui avait détruit sa mémoire et son intégrité intellectuelle et physique. Elle, si active, si ouverte au monde. Quête de l'existence d'une femme, ouvrière, puis commerçante anxieuse de «tenir son rang» et d'apprendre. Mise au jour, aussi, de l'évolution et de l'ambivalence des sentiments d'une fille pour sa mère : amour, haine, tendresse, culpabilité, et, pour finir, attachement viscéral à la vieille femme diminuée.«Je n'entendrai plus sa voix... J'ai perdu le dernier lien avec le monde dont je suis issue.»

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Après LA PLACE, récit dans lequel Annie Ernaux évoquait son père et leur relation père/fille, j'ai eu tout naturellement envie de lire UNE FEMME, ouvrage que l'auteure a consacré à sa mère, écrit après la mort de celle-ci.

 Le récit commence ainsi : "Ma mère est morte le lundi 7 Avril à la maison de retraite de l'hôpital de Pontoise ou je l'avais placée il y a deux ans". Annie Ernaux lui avait rendu visite la veille, puis l'avait laissée dans la salle à manger de l'établissement, devant une émission de télévision. Ce livre que l'auteure a mis presque un an à écrire est en quelque sorte un accouchement. Elle tente par ce moyen de faire revivre cette femme en tant que mère, mais aussi en tant que femme, indépendemment du lien qui les unissait toutes les deux.

Elle remonte dans le passé, évoque l'enfance de sa mère en Normandie dans un milieu modeste, son désir d'ascension sociale. Elle y réussira en partie puisqu'elle tiendra presque toute sa vie un petit commerce ;  elle poussera sa fille à faire des études, à s'élever encore plus dans l'échelle sociale, à pénétrer le monde de la bourgoisie, un monde cultivé, éduqué, auquel elle-même n'aura jamais accès. Annie Ernaux évoque aussi sa honte, lorsqu'elle était adolescente, puis jeune adulte, devant cette mère de condition si modeste, si peu instruite. Pourtant, plus tard, elle l'accueillera chez elle mais la cohabitation ne durera pas, les deux femmes sentant chacune de leur côté qu'elles ne font plus partie du même monde. Quand la maladie d'Alzheimer atteint sa mère Annie Ernaux n'a pas d'autre solution que de la placer dans une maison de retraite où elle mourra deux ans plus tard.

Il a fallu la mort de sa mère pour que l'auteure accepte de regarder en face la culpabilité qu'elle éprouvait vis à vis d'elle. Culpabilité de s'être échappée du milieu social de ses parents,  élevant ainsi une frontière infranchissable entre elles, d'avoir du la placer dans une maison de retraite, de n'avoir pas pu s'occuper d'elle jusqu'à la fin. C'est toutefois un très beau portrait que l'auteure nous fait de sa mère, très émouvant, presque une déclaration d'amour posthume écrite toujours de la même plume, minimaliste, sans pathos et sans fioritures mais de laquelle émane tant de tendresse et d'affection......

Il y a quand même quelque chose qui m'a interpellée dans cette lecture : le fait que jamais l'auteure ne cite le prénom de sa mère ; elle ne la désigne que par deux mots : "cette" femme, ou "ma mère"......

Un très beau livre, très touchant qui me donne l'envie de lire les autres ouvrages de cette auteure.

NOTE : 8/10

 

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Commentaires
A
Bonsoir, merci pour votre chronique sur ce livre. Vous écrivez exactement ma pensée sur ce livre. Des mots que j'ai retenu par pudeur et peur... Ravie, donc, de les lire. Encore merci.
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