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De Livre en Livres
30 novembre 2013

LA PLACE d'Annie ERNAUX

 

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LA PLACE - Annie ERNAUX - 1986 - Editions FOLIO - 113 pages

Quatrième de couverture

Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger. Ouvrier devenu petit commerçant, il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui.

Cette fille, Annie Ernaux, refuse l'oubli des origines. Elle retrace la vie et la mort de celui qui avait conquis sa petite «place au soleil». Et dévoile aussi la distance, douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : «Les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre.»

L'auteure

Née le 1er septembre 1940 à Lillebonne, en Seine-Maritime, Annie Ernaux a grandi à Yvetot, en Normandie, où ses parents tenaient un café-épicerie. Issue d’un milieu modeste, elle poursuit cependant des études supérieures et devient agrégée de lettres. Elle enseignera à Annecy, puis au Centre National d’Enseignement à Distance. Son premier roman, Les armoires vides (1974), met en scène Denise Lesur, sorte de double de l’auteur, héroïne confrontée à un avortement. Elle se lance dans une autobiographie qu’elle intitule La Place qui lui vaut en 1984 le prix Renaudot. Elle décide alors rapidement de délaisser le genre de la fiction pure pour s’intéresser à celui de l’autobiographie. Pour cela, elle puise dans les souvenirs de sa propre enfance en Normandie, se rappelle par exemple l’épicerie et le café de ses parents qu’elle décrit dans La Place.
  Elle évoquera son adolescence dans Ce qu’ils disent ou rien (1977), son mariage dans La femme gelée (1981), sa mère dans Une femme (1988) et la maladie d’Alzheimer de celle-ci dans Je ne suis pas sortie de ma nuit (1997), ses parents dans La honte (1997), l’attente
amoureuse dans Passion simple (1992), son avortement dans L’événement (2000) (suite des  Armoires vides), la jalousie d’une femme dans L’occupation (2002), son cancer dans L’usage de la photo (2005). Une partie de son œuvre est marquée par le clivage entre le milieu modeste et populaire dans lequel elle a grandi et le milieu bourgeois.
 Les années, paru en 2008, revient sur soixante années de sa vie, de son enfance après guerre à 2006. Ce récit est sa façon « de sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus ».

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 Le père d'Annie Ernaux est mort l'année où elle a obtenu son CAPES, où grâce à ses études elle a pu gravir les marches de l'échelle sociale et devenir professeur de lettres.

Son grand père, illettré, travaillait comme charretier dans une ferme et sa grand mère tissait chez elle pour le compte d'une usine. Ils vivaient simplement des produits de leur jardin et de leur poulailler. Son père a fréquenté l'école tant bien que mal, quand ce n'était pas la période des foins ou des récoltes. Il a quand même réussi à apprendre à lire et à écrire. A douze ans son père l'en a retiré pour le placer dans la ferme ou lui-même était employé. "On ne pouvait plus le nourrir à ne rien faire. On n'y pensait pas c'était pour tout le monde pareil". Il est resté à la ferme jusqu'au régiment : "par le régiment, mon père est entré dans le monde". A son retour il entre à l'usine, puis après son mariage il tente de tenir un commerce, mais le couple a de la peine à joindre les deux bouts et il doit se faire embaucher sur un chantier, pendant que sa femme continue à tenir le Café-Epicerie, symbole de leur ascension sociale.

Dans LA PLACE, Annie Ernaux parle de son père à qui elle a voulu rendre un hommage posthume, de sa relation avec lui, de la honte aussi qu'à partir de l'adolescence, quand elle a commencé à fréquenter des amies issues de milieux sociaux aisés, elle a éprouvée vis à vis de lui qui n'avait pas d'instruction. Elle brosse aussi un véritable portrait social de la France du XXème siècle. Un portrait des petites gens, des "braves gens" qui luttaient pour survivre pour ne pas "se retrouver sur la paille" et pour améliorer leur statut social, ou du moins pour donner à leurs enfants les outils pour s'élever dans la société.

La première chose qui m'a frappée à la lecture de ce livre, c'est le style : un style plat, une écriture minimaliste, sèche, sans émotion, sans fioriture. Au début, c'est un peu surprenant, j'ai eu l'impression que l'auteure ne parlait pas d'elle, de sa famille, mais qu'elle décrivait la vie de personnages qui lui étaient étrangers. C'était presque comme lire un rapport officiel, une description impersonnelle......Et puis, tout aussi surprenant, je me suis aperçue qu'il y avait une grande tendresse qui émanait de ses mots. Annie Ernaux a choisi ce style afin de restituer le plus fidélement possible la façon dont son père vivait et s'exprimait.

Un livre intemporel, plein de tendresse et de pudeur qui m'a beaucoup plu.

NOTE : 8/10

 

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  • J'ai créé ce blog pour partager mes lectures ; pour parler de mes coups de coeur, des livres qui m'ont laissée indifférente et de ceux que je n'ai pas aimés. En toute simplicité...........
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