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De Livre en Livres
3 juillet 2015

LE PREMIER HOMME d'Albert CAMUS

PREMIER

LE PREMIER HOMME d'Albert CAMUS - 2014 - Editions FOLIO (GALLIMARD 1994) - 367 pages

Ce qu'en dit l'éditeur

«En somme, je vais parler de ceux que j'aimais», écrit Albert Camus dans une note pour Le premier homme. Le projet de ce roman auquel il travaillait au moment de sa mort était ambitieux. Il avait dit un jour que les écrivains «gardent l'espoir de retrouver les secrets d'un art universel qui, à force d'humilité et de maîtrise, ressusciterait enfin les personnages dans leur chair et dans leur durée».
Il avait jeté les bases de ce qui serait le récit de l'enfance de son «premier homme». Cette rédaction initiale a un caractère autobiographique qui aurait sûrement disparu dans la version définitive du roman. Mais c'est justement ce côté autobiographique qui est précieux aujourd'hui.
Après avoir lu ces pages, on voit apparaître les racines de ce qui fera la personnalité de Camus, sa sensibilité, la genèse de sa pensée, les raisons de son engagement. Pourquoi, toute sa vie, il aura voulu parler au nom de ceux à qui la parole est refusée.

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Les premiers mots

"Au-dessus de la carriole qui roulait sur une route caillouteuse, de gros et épais nuages filaient vers l'est dans le crépuscule. Trois jours avant, ils  s'étaient gonflés au-dessus de l'Atlantique, avaient attendu le vent d'ouest, puis s'étaient ébranlés, lentement d'abord et de plus en plus vite, avaient survolé les eaux phosphorentes de l'automne, droit vers le continent, s'étaient effilochés aux crêtes marocaines, reformés en troupeaux sur les hauts plateaux d'Algérie, et maintenant aux approches de la frontière tunisienne, essayaient de gagner la mer Tyrrhénienne pour s'y perdre."

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Le Premier Homme est le dernier livre d'Albert Camus. Le manuscrit inachevé a été retrouvé dans sa voiture, après l'accident qui lui a coûté la vie. Il a été complété  par sa femme, puis par sa fille, sur la base des notes laissées par l'auteur, et publié pour la première fois longtemps après sa disparition. A travers le personnage de Jacques Cormery, il relate dans ce livre toute son enfance et son adolescence. Né dans un petit village algérien, orphelin de père alors qu'il n'avait pas un an, il va grandir entre une grand-mère à la sévérité redoutable, une mère à demi-sourde et analphabète et un oncle handicapé. Malgré l'extrème pauvreté dans laquelle vit la famille, le petit Jacques a une enfance heureuse. Sa vie se déroule dans la rue, sur la plage, entouré de ses copains. Il est bon élève et au sortir de l'école primaire alors que sa grand-mère envisage de lui trouver un emploi, son instituteur la persuade d'accepter la bourse qui lui permettra de continuer ses études. A la recherche de ses racines, lorsqu'il a quarante ans, il se retrouve devant la tombe de son père, mort à l'âge de vingt neuf ans lors de la guerre de 1914. "C'est à ce moment qu'il lut sur la tombe la date de naissance de son père, dont il découvrit à cette occasion qu'il l'ignorait. Puis il lut les deux dates : "1885-1914" et fit un calcul machinal : vingt neuf ans. Soudain une idée le frappa qui l'ébranla jusque dans son corps. Il avait quarante ans. L'homme enterré sous cette dalle, et qui avait été son père, était plus jeune que lui." Non seulement il n'a pratiquement jamais connu son père (il est né en 1913), mais personne n'a pu lui en parler : ni sa mère, ni sa grand-mère. Il ne connaît absolument rien de lui, la transmission familiale a été coupée nette : il est Le Premier Homme.

Dans ce récit, Camus nous fait partager son amour pour son pays l'Algérie. Ses descriptions d'Alger, de ses habitants, de la mer nous enchantent. Il retrace l'histoire de ces colons qui ont fuit la misère extrême de leurs pays pour venir cultiver les terres algériennes et qui maintenant craignent d'en être chassés. Parmi eux, ses ancètres maternels et paternels, les uns venant des Baléares, les autres d'Alsace. A la suite du petit Jacques, nous entrons dans cette famille si pauvre, mais si aimante. Cette cellule familiale s'en tire grâce à la grand-mère qui agit en véritable chef de famille, gérant les seuls salaires de ses deux enfants, ne pardonnant aucun écart, n'hésitant pas à utiliser le nerf de boeuf quand elle le juge nécessaire. Jacques ne s'en plaint pas vraiment : il craint l'aïeule, mais jamais il ne la critique, il éprouve du respect et de l'amour pour elle, comme pour sa mère qui ne s'occupe pas beaucoup de lui, ainsi que pour son oncle. Un autre personnage important dans la vie de Jacques est son instituteur M. BERNARD grâce à qui il va pouvoir entrer au lycée, et de ce fait devenir l'homme et l'écrivain qu'est devenu Albert Camus. On pourra lire à la fin du récit la lettre qu'il a adressé à son ancien instituteur après avoir reçu le prix Nobel de littérature, ainsi que la réponse de ce dernier.

En bref

Un récit magnifique, profondément humain.

 

stars-10stars-6

 

 

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Commentaires
F
Je ne connais de lui que l'étranger, il serait temps que j'en tente un autre. Peut-être lui ? Merci pour cet avis.
M
J'ai pu en écouter des extraits lors d'une randonnée littéraire. C'est un très beau texte en effet, que je n'ai pas encore lu complètement d'ailleurs... Merci pour le rappel ;)
L
Rien que la manière dont le livre a été découvert, puis publié grâce à sa famille donne envie de le lire. L'histoire a l'air très belle en tout cas.
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