MORT D'UNE HEROINE ROUGE de Xiaolong QIU

MORT D'UNE HEROINE ROUGE de Xialong QIU - Traduit de l'anglais par Fanchita GONZALES BATLLE - 2003 -Editions POINTS - 502 pages

Quatrième de couverture

Shanghai, 1990. Le cadavre d’une jeune femme est retrouvé dans un canal. Pour l’inspecteur Chen et son adjoint Yu, l’enquête se transforme en affaire politique lorsqu’ils découvrent que la morte était une jeune communiste exemplaire. Qui a pu l’assassiner ? Chen et Yu vont l’apprendre à leurs dépens, car, à Shanghai, on peut être un camarade respecté et dissimuler des mœurs déroutantes. 

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Mort d'une héroïne rouge est le premier volet des enquêtes de l'Inspecteur Chen Cao.

A Shangai, un an après les manifestations de Tienanmen, l'inspecteur Chen Cao hérite d'une affaire bien encombrante. Une jeune femme a été retrouvée, morte, nue, dans un canal aux abords de la ville. Jusque là, rien de bien extraordinaire pour un enquêteur de police. Mais il s'avère que cette femme n'est autre que Guan Hongyin : "Hong pour rouge et yin pour héroïne" : une "travailleuse modèle de la nation", une sorte de star pour les chinois, membre du parti, dont la vie privée doit être irréprochable.......L'enquête s'annonce délicate, certaines personnes dont le Secrétaire du Parti aimerait qu'elle soit abandonnée : si jamais un personnage en vue dans l'horizon politique était mêlé à cette histoire, il ne faudrait surtout pas que cela se sache. L'honneur du Parti est en jeu. Envers et contre tous, Chen et son adjoint Yu vont se démener pour trouver le coupable et faire que justice soit rendue, au risque de perdre leur emploi, et peut être même leur vie.

Derrière une enquête policière plutôt banale, c'est toute la Chine de la fin du siècle dernier que l'auteur nous fait découvrir. Une Chine en pleine transformation, déchirée entre l'héritage socialiste et l'ouverture sur le capitalisme. Les réformes économiques s'accèlèrent mais le Parti règne en maître, maintenant des règles de vie et de pensées draconiennes, empêchant toute velléité de changement politique.

Dans son roman, Xialong QIU nous livre toute une galerie de personnages qu'il décrit à merveille. L'inspecteur Chen Cao, célibataire trentenaire a plusieurs casquettes : il est policier bien sûr, mais comme la plupart des hommes de sa génération, il n'a pas choisi son métier. Il a fait des études de lettres, il traduit des romans policiers américains et il écrit des poèmes. On comprend qu'il n'adhère pas vraiment à la ligne du Parti, mais tout en essayant de tirer son épingle du jeu, il s'y plie. Il aime son métier de policier, reste foncièrement honnête et ambitionne de faire changer les choses de l'intérieur. Son adjoint Yu, plus âgé est un honnête père de famille qui se donne à fond dans l'enquête. Peiqin sa femme, l'ami de Chen : Lu le chinois d'Outre Mer, le Vieux Chasseur viennent compléter cette galerie de personnages finement dépeints. A travers eux nous prenons part aux difficultés de la vie quotidienne à Shangai dans les années 90. Les logements minuscules : toute une famille se partageant souvent la même pièce, l'impact de la Révolution Culturelle sur leur comportement et leur avenir, le problème des salaires, le rapport de chacun vis à vis du Parti. L'auteur nous fait aussi visiter Shangaï  : les nouveaux quartiers aux immeubles modernes, les petites rues de l'ancienne ville avec ses marchands ambulants, ses petits restaurants aux mets alléchants (ou pas !). Tout cela sur fond de poésie, Cheng poète lui-même n'hésite pas à citer à tout moment les vers des auteurs classiques chinois.

Le policier ira jusqu'au bout de son enquête, mais malheureusement le résultat ne sera pas vraiment celui qu'il avait espéré.

En bref

J'ai aimé les personnages, la description de Shangai et de la vie de ses habitants qui m'ont beaucoup interessée ainsi que l'évocation de l'évolution économique et politique de la Chine ; j'ai moins aimé l'intrigue policière. J'ai eu l'impression que ce n'était qu'un prétexte pour l'auteur, exilé aux Etats Unis depuis peu, de nous faire connaitre sa ville natale et la vie en Chine.

J'ai lu ce livre dans le cadre des challenges

Petit Bac 2015 : Couleur 3

Challenge ABC 2015 : Lettre Q

Comments

[patricia]

J'ai beaucoup apprécié les détails sur la transition du communisme vers un capitalisme et l'importance du Parti dans la vie quotidienne. L'inspecteur est décrit comme un personnage complexe, obligé de naviguer avec les réalités de la vie politique chinoise oú la notion de héros à l'occidentale semble culturellemt impossible. J'ai savouré les descriptions de la fabuleuse cuisine chinoise avec à chaque coin de rue, des délices culinaires à découvrir, le fait qu'on peut manger dans la rue partout sans souci d'hygiène. Ils mangent beaucoup dans ce roman :) Par contre, au début c'est vrai que j'ai trouvé l'intrigue pauvre et bien faible. Puis finalement, c'est une société très différente avec une mentalité particulière basée sur l'importance de la société oú l'individu disparaît face à sa communauté. L'inspecteur dit d'ailleurs à un moment que le mot "intimité" n'existe pas en Chine et ça aide à mettre l'histoire et l'enquête en perspective. J'enchaîne avec la suite.:)

[Frankie]

Je l'avais lu aussi il y a deux ans et demi (depuis j'en ai lu deux autres) dans le cadre du Challenge ABC et il m'avait énormément plu, moins pour l'enquête somme toute banale comme tu le soulignes que pour pour l'évocation de cette Chine en pleine mutation et ce flic/poète attachant.