Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De Livre en Livres
29 janvier 2015

A L'ORIGINE NOTRE PERE OBSCUR de Kaoutar HARCHI

Harchi

A L'ORIGINE NOTRE PERE OBSCUR de Kaoutar HARCHI - Editions ACTES SUD - 2014 - 164 pages

Quatrième de couverture

Enfermée depuis son plus jeune âge dans la “maison des femmes”, une bâtisse ceinte de hauts murs de pierre où maris, frères et pères mettent à l’isolement épouses, sœurs et filles coupables – ou soupçonnées – d’avoir failli à la loi patriarcale, prise en otage par les mystères qui entourent tant de douleur en un même lieu rassemblée, une enfant a grandi en témoin impuissant de l’inéluctable aliénation de sa mère qu’un infini désespoir n’a cessé d’éloigner d’elle.
Menacée de dévoration par une communauté de souffrance, meurtrie par l’insondable indifférence de sa génitrice, mais toujours aimante, l’abandonnée tente de rejoindre enfin ce “père obscur” dont elle a rêvé en secret sa vie durant. Mais dans la pénombre de la demeure du père, où sévit le clan, la guette un nouveau cauchemar où l’effrayant visage de l’oppression le dispute aux monstrueux délires de la névrose familiale dont il lui faudra s’émanciper pour découvrir le sentiment d’amour.
Entre cris et chuchotements, de portes closes en périlleux silences, Kaoutar Harchi écrit à l’encre de la tragédie et de la compassion la fable aussi cruelle qu’universelle de qui s’attache à conjurer les legs toxiques du passé pour s’inventer, loin des clôtures disciplinaires érigées par le groupe, un ailleurs de lumière, corps et âme habitable.

*********************************************

Depuis toujours, elle est enfermée dans cette maison ; depuis si longtemps qu'elle ne se souvient pas d'avoir vécu ailleurs. Sans doute est-elle née là........Elle partage cet endroit avec sa mère et d'autres femmes : toutes y ont été recluses parcequ'elles avaient "fauté", parcequ'elles avaient osé enfreindre les règles religieuses ou patriarcales, parcequ'elles avaient sali l'honneur d'une famille. Souvent il ne s'agit du reste que de rumeurs. Seule enfant au milieu de toutes ces femmes, elle a le droit de monter sur la terrasse, de regarder à l'extérieur ; elle a aussi le droit de franchir le portail de la cour et de franchir les quelques mètres qui la sépare du cimetière ou de regarder jouer les enfants du quartier. Elle n'a que sa mère dans cette prison, mais sa mère l'ignore, toute entière à sa souffrance d'avoir été séparée de l'homme qu'elle aimait et qu'elle aime toujours. Sa mère lui parle peu, mais elle parle aux autres femmes, alors elle se cache, écoute, et peu à peu découvre son histoire. Alors après avoir attendu toutes ces années que quelqu'un vienne la chercher, après que sa génitrice soit morte de chagrin, elle va prendre le contrôle de sa vie et partir à la rencontre de ce père qu'elle ne connaît pas.

L'auteure n'a situé son récit ni dans le temps, ni géographiquement. Elle n'a pas non plus donné de noms à ses personnages : ce sont simplement : elle, la Mère, le Père, les femmes......Comme si c'était la même histoire qui pouvait se répéter à l'infini avec une multitude de personnages, tous différents, mais à la fois tous semblables parcequ'emprisonnés par les mêmes lois, les mêmes traditions. On s'aperçoit du reste au cours du récit que si les femmes sont les victimes, ce ne sont pas forcément les hommes les bourreaux, mais bien les matriarches, gardiennes de ces traditions. Kaoutar Harchi nous plonge avec adresse dans cette ambiance moite, renfermée, oppressante, elle nous fait ressentir le désespoir de ces femmes, leur attente, la folie qui les guette. Elle nous montre la jeune narratrice s'affranchir peu à peu de son lien avec sa mère, puis de l'influence de son père et de sa famille et enfin du carcan de la tradition.

Le récit est composé de courts chapitres, chacun commençant par une citation de la Bible. Le style de l'auteure est haché, parfois poétique, parfois lyrique, ses phrases claquent, tantôt longues, tantôt courtes : pas de fioritures. Un récit fort, puissant. Un très beau roman.

Note : 7/10

Les premières phrases

Une porte épaisse contre laquelle je me cogne. Le soir, dans la petite cour intérieure de la maison, je suis debout, nue. Mes pieds trempent dans une bassine d'eau froide. Un vent léger souffle. Une main me serrant l'épaule, son autre main passant et repassant sur mon corps, la Mère me lave derrière les oreilles, sous les aisselles, entre les cuisses, et découvre, sur mes genoux des ecchymoses. Au contact de ses lèvres sur ma peau, je sens la douleur s'estomper. Disparaître. Je crois ça longtemps - jusqu'à mes cinq ans, mes six ans - que les baisers guérissent.

Cette lecture entre dans le cadre du

Challenge : 1 mois = 1 consigne : Janvier : lire un roman sorti/édité en 2014

Challenge 1 mois

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Jusqu'ici, c'est celui qui m'a le plus plu parmi les livres de la rentrée littéraire.
L
Je l'avais repéré et j'aimerais beaucoup le lire :)
Publicité
De Livre en Livres
  • J'ai créé ce blog pour partager mes lectures ; pour parler de mes coups de coeur, des livres qui m'ont laissée indifférente et de ceux que je n'ai pas aimés. En toute simplicité...........
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Archives
Newsletter
Publicité