LA CUISINIERE D'HIMMLER de F-O GIESBERT
LA CUISINIERE D'HIMMLER de Franz-Olivier GIESBERT - 2014 - Editions FRANCE LOISIRS - 359 pages
Quatrième de couverture
Ceci est l'épopée drolatique d'une cuisinière qui n'a jamais eu peur de rien. Personnage loufoque et truculent, Rose a survécu aux abjections de cet affreux XXe siècle qu'elle a traversé sans rien perdre de sa sensualité ni de sa joie de vivre. Entre deux amours, elle a tout subi : le génocide arménien, les horreurs du nazisme, les délires du maoïsme. Mais, chaque fois, elle a ressuscité pour repartir de l'avant. Grinçant et picaresque, ce livre raconte les aventures extraordinaires d'une centenaire scandaleuse qui a un credo : "Si l'Enfer, c'est l'Histoire, le Paradis, c'est la vie".
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L'histoire débute à Marseille en 2012. Nous faisons la connaissance de Rose, une alerte centenaire qui malgré son grand âge tient encore un petit restaurant. Elle se décrit elle-même : "A près de cent cinq ans, il ne me reste plus qu'un maigre filet de voix, cinq dents valides, une expression de hibou , et je ne sens pas la violette". Rose a décidé depuis quelques temps d'écrire ses mémoires, et elle a beaucoup de choses à raconter.
Rose est née en Arménie au début du vingtième siècle : elle voit toute sa famille disparaître lors du massacre de son peuple par les Turcs. Elle a alors sept ans et sa vie ne va être qu'une succession de drames. Vendue comme esclave, elle finit par s'échapper et être recueillie, puis adoptée par un couple de paysans provençaux. Pendant quelques années c'est le bonheur, elle mène la vie d'une enfant, puis d'une adolescente normale . Mais le sort s'acharne sur elle. A la mort de ses bienfaiteurs, elle est contrainte de fuir à Paris où elle ouvrira son premier restaurant avec son mari. Puis arrive la guerre, la déportation des siens. Son périple va la mener ensuite en Allemagne nazie à la recherche de son mari et de ses enfants, en Amérique, puis en Chine maoïste avant de se fixer à Marseille. Rose va en définitive traverser le siècle, de génocides en conflit mondial, et grâce à ses talents de cuisinière rencontrer des personnages aussi divers qu'Hitler, Himmler, Jean Paul Sartre ou Johnny Hallyday. Elle va voir sa vie détruite à plusieurs reprises, devoir se reconstruire ; jamais elle ne perdra son énergie ni sa faim de vivre mais elle gardera toujours sur elle la liste de ses bourreaux qu'elle n'hésitera pas à éliminer les uns après les autres. Et surtout elle restera libre.
A travers la vie de cette truculente cuisinière, mi aventurière mi mamie-flingueuse, un peu lubrique, et très politiquement incorrecte, Franz Olivier Giesbert nous fait traverser toutes les tragédies du siècle passé et en profite pour régler ses comptes avec certains personnages. Comme Jean Paul Sartre en particulier, qu'il n'épargne pas. Certains passages m'ont semblé quelquefois un peu exagérés, comme celui sur la relation de Rose avec Himmler, mais il ne faut pas oublier que malgré la documentation historique très riche du livre, on est en plein roman. L'auteur a un vrai talent de conteur et un style à la fois enjoué et fluide. La Cusinière d'Himmler est un livre qu'on ne lâche plus une fois qu'on l'a commencé. J'ai beaucoup aimé.
Note : 9/10
Les premières phrases :
"Je ne supporte pas les gens qui se plaignent. Or, il n'y a que ça sur cette terre. C'est pourquoi j'ai un problème avec les gens".
La dernière phrase
"Je sais que mes lèvres continueront toujours de remuer, même quand elles seront mélangées à la terre, et qu'elles continueront de dire oui à la vie, oui, oui, oui..."