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De Livre en Livres
30 décembre 2013

RUE DES BOUTIQUES OBSCURES de Patrick MODIANO

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Quatrième de couverture 

Qui pousse un certain Guy Roland, employé d'une agence de police privée que dirige un baron balte, à partir à la recherche d'un inconnu, disparu depuis longtemps ? Le besoin de se retrouver lui-même après des années d'amnésie ?Au cours de sa recherche, il recueille des bribes de la vie de cet homme qui était peut-être lui et à qui, de toute façon, il finit par s'identifier. Comme dans un dernier tour de manège, passent les témoins de la jeunesse de ce Pedro Mc Evoy, les seuls qui pourraient le reconnaître : Hélène Coudreuse, Fredy Howard de Luz, Gay Orlow, Dédé Wildmer, Scouffi, Rubirosa, Sonachitzé, d'autres encore, aux noms et aux passeports compliqués, qui font que ce livre pourrait être l'intrusion des âmes errantes dans le roman policier.

L'Auteur

Patrick Modiano est né à Boulogne-Billancourt le 30 juillet 1945. Son père est un homme d’affaires aux activités douteuses. Sa mère, d’origine flamande, est actrice : elle joue au théâtre et tient quelques seconds rôles au cinéma, mais sa carrière n’a rien de reluisant. Très tôt, Patrick et son jeune frère Rudy (qui a deux ans de moins que lui) seront confiés à des amis de la famille (à Biarritz où ils seront baptisés en l’absence de leurs parents, à Jouy-en-Josas…). En 1957, Rudy meurt, ce qui affectera profondément Patrick.
« Le choc de sa mort a été déterminant. Ma recherche perpétuelle de quelque chose de perdu, la quête d’un passé brouillé qu’on ne peut élucider, l’enfance brusquement cassée, tout cela participe d’une même névrose qui est devenue mon état d’esprit » (Lire, mai 1990).
Il poursuit ensuite ses études à Thônes, en Haute-Savoie, puis à Paris, où il revient pour sa terminale (Lycée Henri IV). Il n’obtiendra d’autre diplôme que le baccalauréat. Il multiplie alors les petites activités pour survivre, s’inscrit même à la Sorbonne (surtout dans le but d’obtenir un sursis militaire).
En 1968, son premier livre, La Place de l’étoile, est publié chez Gallimard. Le succès fut immédiat (prix Roger Nimier et prix Fénéon). Depuis, il n’a cessé d’écrire. En 1978, il obtient le prix Goncourt pour Rue des boutiques obscures. Modiano a également écrit des scénarios pour le cinéma, parmi lesquels Lacombe Lucien (1974) de Louis Malle ou plus récemment Bon voyage (2002) de Jean-Paul Rappeneau

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Guy Roland : c'est un nom d'emprunt. Cet homme a perdu la mémoire, on ne sait comment, et ainsi toute trace de son identité. Le récit commence ainsi : "Je ne suis rien. Rien qu'une silhouette claire, ce soir là,  à la terrasse d'un café". Après huit ans de collaboration au sein d'une Agence de police privée, son patron Hutte prend sa retraite, et Guy Roland se retrouve alors livré à lui-même. Il a désormais tout son temps et il connait toutes les méthodes à employer pour enquêter sur sa propre vie. C'est alors une longue recherche qui commence, et d'indice en indice ,de photo retrouvée en photo donnée, il refait le chemin de sa vie. Tantôt il croit se reconnaitre sur une de ces  photos : il s'appelerait untel, mais un témoignage le détrompe. Retour à la case départ.

Je n'ai pu m'empêcher d'essayer de me mettre dans la peau de cet homme qui ne sait plus qui il est. Plus de nom, plus de souvenirs ni de parents ni d'amis ni des événements qui ont structuré sa vie, ni même de certitude sur sa nationalité. Y a t-il quelqu'un quelque part qui l'attend, persuadé qu'il peut être encore en vie ? Quelles sont les circonstances, les traumatismes qui l'ont plongé dans ce trou noir ? Toutes ces questions que le lecteur se pose ne trouveront malheureusement pas de réponses certaines à la fin du récit. Guy Roland déambule sans fin à travers Paris à la recherche de son identité, chaque indice est précieux qui  le renvoie à un autre indice, à un autre témoin. Ils forment tous ensemble une sorte de fil d'Ariane qui peut lui permettre de sortir de ce labyrinthe. C'est aussi une quête contre la montre : les témoins vieillissent, certains sont déjà disparus. Comme pour accentuer l'obscurité dans laquelle est plongée la mémoire de Guy Roland, l'auteur a situé la plupart des scènes de son roman en soirée ou la nuit, dans des lieux interlopes, parmi des personnages aux identités et aux passés incertains, sortes de fantômes qui aparaissent au cours du récit puis disparaissent très vite. Patrick Modiano évoque aussi dans son livre la question juive pendant la dernière guerre puisqu'elle concerne une partie des souvenirs (rééls ou fabriqués) de Guy Roland.

Le roman est écrit à la première personne. "Je" est le seul terme sûr qui le désigne. Il emploie ce "je" comme la dernière chose à laquelle il puisse se raccrocher. Est-il Guy Roland, ou  Freddie Howard de Luz, ou Pedro Mc Evoy ? Le style de Patrick Modiano est très sobre, les phrases et les chapitres courts, les mots simples, comme pour accentuer l'opacité de l'énigme de cette vie. C'était le premier ouvrage que je lisais de cet auteur et je ne vais sûrement pas en rester là.

NOTE 9/10

 

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