LA REINE DU SILENCE de Marie Nimier
Quatrième de couverture
Mon père a trouvé la mort un vendredi soir. Son Aston Martin s'est
écrasée contre le parapet d'un pont. Je n'étais pas dans la voiture.
J'avais 5 ans. De lui, il me reste peu de souvenirs, et quelques
trésors : une montre qui sonne les heures, un stylo dont la plume penche
à droite et cette carte postale, où il me demandait en lettres
capitales : QUE DIT LA REINE DU SILENCE ?Cette phrase posait une énigme
impossible à résoudre pour la petite fille que j'étais, énigme cruelle
et envoûtante qui résume toute la difficulté du métier d'enfant. Énigme
qui, à l'époque, se formulait ainsi : Que pourrait bien dire la Reine du
silence sans y perdre son titre, et l'affection de son papa ?Ou
encore : comment, à la fois, parler, et ne pas parler ?J'étais coincée.
Prise au piège de l'intelligence paternelle.»Marie Nimier ose avec ce
nouveau livre s'attacher à la figure de son père, Roger Nimier. Elle
explore l'amas de tôles froissées, interrogeant avec gravité le destin
de cet écrivain que ses amis décrivent tour à tour, et parfois
simultanément, comme un être désinvolte, sérieux, menteur, loyal,
tendre, indifférent et malhabile de ses sentiments comme on est
maladroit de ses mains.
Dans La reine du Silence, Marie Nimier part à la recherche de ce père qu'elle n'a presque pas connu, puisque ses parents étaient déjà séparés lorsqu'il est mort dans un accident de voiture alors qu'elle n'avait que cinq ans. Maintenant qu'elle a une quarantaine d'années, elle remonte le fil de ses souvenirs de petite fille, évoque ceux de sa famille, de certains amis de son père,écrivain renommé, pour tenter de reconstituer l'image paternelle, et d'affronter son fantôme.
Ce qu'elle découvre n'est pas toujours plaisant comme cette phrase lue dans une lettre que Roger Nimier avait envoyée à l'un de ses amis : "Au fait, Nadine a eu une fille hier. J'ai été immédiatement la noyer dans la Seine pour ne plus en entendre parler" . Mais jamais, elle ne commente, jamais elle ne juge malgré la douleur qu'on ressent parfois à travers son récit. Peu à peu, l'écheveau des souvenirs se demêle, les événements reprennent leur place, la plupart des "pourquoi" et des "comment" trouvent leurs réponses et la fin du récit voit la petite fille se transformer en une jeune femme apaisée.
Malgré le sujet traité et les souvenirs douloureux évoqués, le ton de Marie Nimier n'est jamais mélancolique ni critique, on voyage avec elle le long de sa quête, on partage son quotidien. J'ai trouvé ce livre très agréable à lire, le style est fluide et léger. Je ne connaissais Roger Nimier que de nom, n'ayant rien lu de lui (il est, entre autres, l'auteur de "Le Hussard Bleu" qui le rendit célèbre à 25 ans et donna naissance au mouvement littéraire des "hussards") mais le portrait que fait de lui sa fille ne me donne pas vraiment envie de le lire -bien que ce soit difficile de juger quelqu'un à travers le regard d'un autre.
NOTE : 5/10